Au fil des années, mon objectif s'est figé sur une muse bien particulière, ma mère. Des clichés témoignant d'une décennie ou plus, capturant les moments fragiles et les éclats de vie dans son petit appartement, au milieu de ses bibelots et de ses souvenirs. Un projet photographique qui a pris une dimension singulière, ancrée dans l'urgence de préserver une mémoire qui, tout comme la santé de ma mère, s'évapore progressivement. "Ne m’oublie pas Alzheimer : L'éloge de ta mémoire" est le titre de ce livre, une tentative de ralentir le défilement implacable du temps, une déclaration d'amour particulière à une mémoire en péril.
La nécessité de fixer ces instants dans des photographies a émergé de manière organique, tout comme la maladie de ma mère a progressé au fil des saisons. A travers mes rendez-vous, j’ai saisi la vie qui s'est effilochée, les moments partagés devenant des souvenirs instantanés. L'acte de photographier est devenu une forme d'art thérapeutique, une manière de capturer l'éphémère, de tenter de graver dans l'immortalité de la pellicule des fragments de la réalité qui s'évanouissent.
Le projet s'est développé en parallèle avec la maladie, mais aujourd'hui, dans la réflexion, il n'est pas tant question de la maladie d'Alzheimer en elle-même. L'essence de ma démarche réside peut-être dans le lien direct entre cette maladie dévorante et la mémoire en général, en analogie avec les méandres de ma propre histoire. Ce livre devient le témoignage visuel de cette relation intime entre la mémoire défaillante de ma mère et les questions non élucidées de mon enfance, comme si chaque image capturée était un fragment du puzzle de ma propre identité.
"Ne m’oublie pas Alzheimer" se présente ainsi comme une exploration poétique, un dialogue visuel entre le passé qui s'efface et le présent qui s'égrène inexorablement. Les photographies deviennent des pages d'un album de famille qui ne peut être écarté, car chaque instant fixé sur le papier est une tentative de préserver un morceau d'histoire, de lier les fils ténus d'une mémoire délicate qui se défait. Ce livre devient un hommage émotionnel à la mémoire, une offrande intime pour conjurer l'oubli et célébrer l'essence intangible de l'être, même au-delà de la barrière de l'oubli.
Over the years, my focus has settled on a very particular muse: my mother. Photographs spanning a decade or more capture fragile moments and bursts of life in her small apartment, amidst her trinkets and memories. What began as a photographic project has taken on a unique dimension, rooted in the urgency to preserve a memory that, much like my mother's health, is gradually fading away. "Don't Forget Me Alzheimer's: An Ode to Your Memory" is the title of this book, an attempt to slow the relentless march of time, a special declaration of love to a memory in peril.
The necessity to capture these moments in photographs emerged organically, just as my mother's illness progressed over the seasons. Through my lens, I've captured life unraveling, shared moments becoming instant memories. The act of photographing has become a form of therapeutic art, a way to capture the ephemeral, to try to etch fragments of reality that fade away into the immortality of film.
The project has developed in tandem with the disease, but today, upon reflection, it's not so much about Alzheimer's itself. Perhaps the essence of my endeavor lies in the direct link between this consuming disease and memory in general, akin to the twists and turns of my own story. This book becomes the visual testament of this intimate relationship between my mother's faltering memory and the unresolved questions of my childhood, as if each captured image were a puzzle piece of my own identity.
"Don't Forget Me Alzheimer's" thus presents itself as a poetic exploration, a visual dialogue between the fading past and the inexorably unfolding present. The photographs become pages of a family album that cannot be set aside, for each moment fixed on paper is an attempt to preserve a piece of history, to weave the delicate threads of a memory that unravels. This book becomes an emotional homage to memory, an intimate offering to ward off forgetfulness and celebrate the intangible essence of being, even beyond the barrier of forgetting.